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Comment transformer les intuitions en preuves : mesurer l’impact d’une revitalisation urbaine avec les GéoIndicateurs

Rédigé par Virginie Belhumeur | 23 avr. 2025 18:53:41

Lorsque la rue Saint-Vallier Ouest, à Québec, a entamé l’un des plus grands projets de réaménagement commercial de la ville, les commerçants et les décideurs affichaient un optimisme prudent. Qui fréquentera vraiment la nouvelle rue ? À quels moments ? Et avec quelles retombées concrètes pour l’économie locale ?

Le média local Monsaintsauveur résume bien cette incertitude dans son article du 15 janvier 2025. Et cette question touche toutes les Sociétés de développement commercial et les gestionnaires de quartiers : comment prouver que les investissements portent fruit – au-delà des impressions, de la météo favorable ou des résultats ponctuels de sondages ?

Les commerçants peuvent certes croiser leurs chiffres de ventes et quelques témoignages clients. Mais ce portrait reste partiel. Les données de localisation viennent combler ce manque en ajoutant une dimension essentielle : les mouvements réels de visiteurs dans l’espace et dans le temps. Et surtout, leur évolution avant, pendant et après les travaux.


Les bonnes questions à se poser : quelques exemples

Une fois cet outil en main, encore faut-il savoir quoi observer. Chaque rue, chaque projet, chaque quartier a ses objectifs propres. Est-ce d’attirer une clientèle plus jeune ? D’étendre la zone de chalandise ? De rentabiliser une nouvelle programmation culturelle ? Les GéoIndicateurs permettent de répondre à une série de questions stratégiques, selon les angles à documenter.

  • Quelle est la fréquentation réelle ?
    Combien de visiteurs par jour, par saison, selon les périodes de l’année ou les événements spéciaux ?
  • D’où viennent-ils ?
    Le bassin de clientèle s’élargit-il vers de nouveaux quartiers ou de nouvelles MRC ? Parcourent-ils plus de 5 km ou s’agit-il majoritairement de résidents du coin ?
  • Quel est leur profil ? 
    L’artère attire-t-elle des familles, des étudiants, des retraités ? Le pouvoir d’achat a-t-il évolué ?
  • Quand viennent-ils, et pour combien de temps ?
    Le nouveau mobilier ou l’animation prolongent-ils le temps de séjour moyen ? Le quartier vit-il aussi en soirée ou reste-t-il déserté après 17h ?
  • Quels comportements croisés peut-on observer ?
    Est-ce que les visiteurs du marché public s’arrêtent aussi dans les boutiques ? Une nouvelle piste cyclable entraîne-t-elle un plus grand flux vers les cafés ?

Ces questions — et bien d’autres encore — sont au cœur de toute stratégie de revitalisation. Et sans données tangibles, elles restent sans réponse, ou pire : interprétées à l’aveugle.

 


Avant les travaux : établir un point zéro solide

Comme pour tout projet ambitieux, il est essentiel de partir sur des bases solides. Avant d’imaginer le quartier transformé, il faut d’abord le comprendre tel qu’il est. Qui y circule ? À quel moment ? Pour y faire quoi ? Sans ce point de référence initial, il devient impossible de mesurer les effets réels des interventions futures.

C’est là que les GéoIndicateurs entrent en jeu. Grâce à eux, on peut dresser un portrait précis du territoire, à la fois neutre et objectif. Non pas une impression ou une intuition, mais une cartographie concrète des comportements. Et surtout, une base de comparaison fiable pour documenter les évolutions à venir.

Exemple fictif

L’analyse pré-travaux révèle que 68 % des visiteurs viennent à pied, majoritairement en semaine sur l’heure du lunch, pour des séjours d’environ 12 minutes. Le quartier est bien ancré localement, mais peine à générer de la rétention ou à séduire au-delà de son voisinage immédiat. Ce constat oriente les décisions vers plus de mobilier invitant à la pause, une offre de fin de journée, et une campagne ciblée pour élargir la zone de provenance.

Parmi les indicateurs clés à analyser, avant tout réaménagement, on trouve ceux-ci :

Indicateurs Utilité stratégique
Répartition dans le temps (heure, jour) Identifier les périodes creuses ou fortes pour ajuster les horaires d’ouverture, planifier les animations, ou cibler les efforts marketing aux bons moments.
Provenance des visiteurs (tourisme vs locaux, distance) Comprendre qui fréquente l’artère et adapter l’accessibilité (stationnement, navette, transport collectif, aménagement cyclable) selon les profils dominants.
Durée et fréquence des visites Déterminer si le lieu favorise la flânerie ou le passage rapide, et si la clientèle est occasionnelle ou régulière. Des données essentielles pour orienter l’offre commerciale.
Démographie Comprendre qui fréquente réellement l’artère (jeunes adultes, familles, retraités, etc.) et adapter l’offre commerciale, culturelle ou de services en conséquence.

 


Pendant les travaux : piloter en direct, ajuster en continu

Une revitalisation ne se joue pas uniquement sur les plans et les promesses. Une fois les travaux entamés, c’est le terrain qui parle. Et il parle en données.

L’achalandage, les déplacements, les réactions du public évoluent semaine après semaine. Les GéoIndicateurs permettent de garder le doigt sur le pouls. Ils transforment une démarche linéaire en projet agile, capable de réagir rapidement aux signaux faibles comme aux tendances lourdes.

Voici comment les données peuvent guider l’action en temps réel :

  • Détection d’opportunités 
    Un afflux inattendu les mercredis soir ? Peut-être le moment parfait pour tester un 5@7 extérieur ou prolonger les heures d’ouverture.
  • Observation des flux piétons
    Les cartes de chaleur montrent une concentration devant certaines vitrines ou terrasses ? On peut bonifier ces zones avec du mobilier urbain, de la verdure ou des animations.
  • Suivi de l’impact des mesures temporaires
    Une rue rendue piétonne pour l’été attire-t-elle davantage de visiteurs ? Fait-elle fuir une partie de la clientèle habituelle ? Les données permettent de documenter les effets concrets… et de mieux négocier les reconductions.

Bref, les données deviennent ici un véritable outil de pilotage de terrain, bien au-delà du simple suivi de performance.

 


Après les travaux : mesurer l’impact, affiner la stratégie

L’inauguration ne marque pas la fin du projet, mais le début d’une nouvelle phase : celle de la preuve. Est-ce que les transformations ont atteint leurs cibles ? Ont-elles généré les effets escomptés… ou d’autres, inattendus ?

Grâce au point zéro établi en amont, la comparaison devient possible, objective, et parlante. Et surtout, elle permet d’aller plus loin : non seulement valider les décisions passées, mais orienter les prochaines.

Quelques exemples concrets d’analyses post-travaux :

  • Évolution du bassin de visiteurs
    Le quartier attire-t-il maintenant des gens de plus loin ? Cela justifie-t-il de pérenniser un stationnement incitatif ou de renforcer l’offre de transport collectif ?
  • Transformation des habitudes de visite
    La durée moyenne de séjour a-t-elle augmenté ? L’activité s’est-elle déplacée vers le soir ou les fins de semaine .
  • Effets d'entraînement sur l’écosystème local
    Le nouveau parc, la piste cyclable ou l’espace public réaménagé créent-ils des retombées concrètes pour les commerçants à proximité ?

Exemple fictif

Un rapport révèle qu’un nouveau public, venant d’une MRC voisine, fréquente l’artère le week-end depuis la revitalisation. En réponse, la SDC établit un partenariat avec un attrait touristique de la région et met en place une stratégie marketing commune pour consolider ce nouvel axe de fréquentation.

Avec cette analyse, la revitalisation devient mesurable, démontrable et reproductible. Elle s’inscrit dans une logique d’amélioration continue, alimentée par des faits, pas des impressions.

 


En conclusion

Qu’il s’agisse d’élargir les trottoirs, de reverdir une artère ou de rééquilibrer les modes de transport, chaque projet de revitalisation repose sur une connaissance fine du terrain : celle des commerçants, des gestionnaires de rue, des acteurs locaux. Ces éléments sont précieux, mais pour en capter toute la portée, encore faut-il pouvoir les documenter, les comparer et les faire parler.

Les GéoIndicateurs ne remplacent pas ces savoirs – ils les amplifient. En ajoutant une couche de données objectives, fréquentation, profils de visiteurs ou habitudes de déplacement par exemple, ils permettent d’enrichir les constats, de valider les intuitions… et de rendre visible l’impact d’un projet dans toute sa complexité.

On passe ainsi d’un ressenti à une preuve. D’une hypothèse à un modèle. La revitalisation devient mesurable, démontrable et reproductible.

C’est aussi une façon de changer la conversation avec les citoyens, les commerçants et les partenaires : au lieu de débattre de ce qu’on pense qu’il se passe, on s’appuie sur ce qu’on observe. Et c’est là que le potentiel des données de localisation prend tout son sens : elles outillent les décideurs à chaque étape du projet – avant, pendant et après – et transforment une belle vision en un impact réel, durable, et visible.

 


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